29/06/2016
Recherche

Les fruits irrigués par des eaux usées traitées exposent le consommateur à des antiépileptiques

D’après
les résultats d’une étude menée par les chercheurs du CHU Hadassah
(Jérusalem, Israël) et de l’Université hébraïque de Jérusalem (UHJ,
Israël), les consommateurs de fruits et légumes ayant été cultivés dans
des sols irrigués par des eaux usées traitées ingèrent également de
faibles quantités d’un médicament antiépileptique.

En raison de la
pénurie mondiale d’eau potable, l’utilisation d’eaux usées recyclées est
de plus en plus courante pour l’irrigation des cultures agricoles, ce
qui suppose un risque de contamination par les produits pharmaceutiques.
Dans cette étude, la première à analyser directement ce risque
d’exposition aux contaminants pharmaceutiques, l’équipe
multidisciplinaire composée de chercheurs de l’UHJ et de Hadassah a
découvert du carbamazépine, un médicament aux propriétés
antiépileptiques, dans l’urine d’individus en parfaite santé. "Au
cours d’une expérience clinique aléatoire, nous avons remarqué que des
individus en parfaite santé ayant consommé des fruits et légumes
cultivées par des eaux recyclées excrétaient du carbamazépine dans leur
urine, tandis que les sujets ingérant des produits irrigués par des eaux
propres/potables démontraient des taux bien plus faibles voire
insignifiants de ce composant"
, explique le Pr Ora Paltiel,
directeur de l’École de santé publique et de médecine communautaire de
Braun, responsable de l’étude. L’étude reposait sur une cohorte de 34
participants masculins et féminins, divisés en deux groupes. Le premier a
ingéré des aliments irrigués par des eaux recyclées durant une semaine,
et des fruits et légumes arrosés à l’eau potable durant la seconde
semaine de l’expérience. Le deuxième groupe a vécu le processus inverse.
Les participants ont consommé les deux types de produits selon leur
rythme habituel et bu de l’eau en bouteille durant tout l’essai. Les
chercheurs ont mesuré les taux de carbamazépine présents dans les
produits frais et dans l’urine des participants. Au départ, ces taux ont
été difficilement quantifiables dans l’urine des sujets voire
indétectables chez certains. Cependant, après sept jours de consommation
de produits issus d’eaux renouvelées, l’ensemble des patients du
premier groupe a démontré un niveau notable de carbamazépine, alors que
les résultats du second groupe restaient inchangés. Cette différence
s’est rapidement confirmée, avec des niveaux supérieurs chez les sujets
du premier groupement. Le Pr Paltiel conclut : "Il est évident que
ceux qui consomment des produits cultivés dans des sols irrigués par des
eaux usées traitées augmentent significativement leur exposition au
médicament. Bien que les niveaux détectés aient été bien plus faibles
que chez les patients réellement soumis au traitement par carbamazépine,
il est primordial d’évaluer le degré d’exposition à ce composant dans
les produits commercialisés."
Bien que cet essai n’analyse pas
les dangers découlant de l’exposition à la carbamazépine, les auteurs
expliquent que leur étude "preuve-de-concept" fournit des "données du
monde réel pouvant guider les évaluations des risques et les politiques
visant à garantir une utilisation saine et sans danger des eaux usées
pour l’irrigation des cultures agricoles."

Publication dans Environmental Science and Technology, 29 mars 2016.
Israël Science Info